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Publié le 08 avril 2016

Pourquoi la résidence alternée ? « Parce qu’un week-end sur deux, ce n’est pas assez ! »

Pourquoi la résidence alternée ? « Parce qu’un week-end sur deux, ce n’est pas assez ! »
RESIDENCE ALTERNEE

La résidence alternée, ça veut dire que l’enfant habite à 50% chez chaque parent ?

Pas forcément. En Suède, la définition de la garde alternée suppose un partage à 50%, mais dans la plupart des pays, la définition est plus souple. Celle du Conseil international sur la résidence alternée (CIRA) inclut les solutions où l’enfant passe un tiers du temps chez l’autre parent. Ce qui est sûr, c’est qu’avec un droit de visite restreint à un week-end sur deux, formule qui a longtemps prévalu, un parent perd son rôle éducatif et parental. Surtout si l’enfant est petit, le risque est celui de la perte totale du lien.

En France, la moitié des familles qui pratiquent la «résidence alternée» scindent la semaine en deux et 25% optent pour la solution une semaine/une semaine. Y a-t-il une formule meilleure qu’une autre?

La meilleure solution est celle qui limite les inconvénients pratiques pour l’enfant en créant un cadre où il peut trouver une régularité. La bonne formule dépend aussi beaucoup de l’âge de l’enfant avec pour principe d’éviter les temps de séparation trop longs.

 

Surtout, quelle que soit la formule, les parents qui trouvent une solution réussie, c’est d’abord ceux qui parviennent à garder le bien de l’enfant comme premier critère. Certains y arrivent même en situation de conflit conjugal grave.

Observons-nous une progression de la garde alternée?

Assurément. Les mentalités changent et les pratiques aussi. La grande évolution, c’est celle de la présence des pères.


L’argent vient souvent pervertir l’intérêt de l’enfant

L’enjeu financier est malheureusement une donnée qui pervertit souvent le débat sur la résidence de l’enfant.

 

Avec une résidence alternée, la mère reçoit moins d’argent qu’avec une résidence dite classique, ce qui alimente des dynamiques assez vicieuses ; on voit les enfants devenir les «employeurs» de leur mère ou des pères demander la garde alternée uniquement pour payer moins.

L’absence du père est-il préjudiciable à l’enfant ?


On observe beaucoup de dégâts causés par l’absence de père.

 

Selon une étude canadienne, 90% des ados qui fuguent, 80% des jeunes en prison, 71% des enfants qui décrochent à l’école ont des pères absents.

 

La résidence alternée favorise la recomposition des familles ; des deux côtés, les ex-conjoints renouent des liens, c’est un facteur de stabilisation affective. C’est aussi une manière de recréer une forme de famille élargie, avec une belle variété d’adultes de référence autour des enfants.

Ces dernières années, de nombreuses études ont tenté d’établir scientifiquement si la résidence alternée est une bonne ou une mauvaise solution pour l’enfant. Verdict?

Globalement, les études basées sur de larges échantillons sont positives car la résidence alternée a des effets bénéfiques sur le développement de l’enfant. Mais il faut admettre que ce genre d’enquête souffre d’un défaut originel car les ex-conjoints qui adoptent la résidence alternée sont ceux qui, d’emblée, s’entendent suffisamment pour la rendre possible.

 

Or, moins il y a de conflits entre les parents, mieux l’enfant se porte, là est le critère décisif. On peut donc objecter à ces études qu’elles ne prouvent pas les bienfaits de la garde alternée en elle-même.

Forcer les parents à s’entendre, c’est possible?

Souvent ! Certains pays ont mis en place toutes sortes de mesures dans ce sens. Dans l’Etat américain du Nebraska, on oblige les parents divorcés à prendre des cours, avec des résultats positifs. Même dans les pires moments, les parents ont toujours le désir de faire mieux pour leur enfant.

Mais toutes les recherches ne chantent pas les louanges de la résidence alternée…

Non, loin de là. En France, on assiste à une véritable guerre de tranchées entre experts pour ou contre. Les détracteurs de la résidence alternée se basent en général sur l’observation de cas individuels et conflictuels.

 

C’est une très mauvaise approche pour tenter de répondre à l’intérêt de la résidence alternée pour l’enfant.


Quels sont les arguments contre la résidence alternée?

Pour résumer, ses détracteurs considèrent que c’est une solution qui correspond au sentiment de justice des adultes, mais au détriment des enfants, qui souffrent de se voir ballottés d’une maison à l’autre.

Quand le conflit fait rage, c’est vrai que c’est dur pour les enfants…

C’est vrai. La question est: que faire? La tendance, chez les juges et les services sociaux, est de chercher la solution qui leur semble la plus simple pour calmer le jeu dans l’urgence ; très souvent, ils laissent l’enfant à la mère. D’autant plus lorsque l’enfant dit: «Je ne veux plus voir papa, c’est trop de souffrance…» Le problème est qu’il fait ce choix dans un contexte de conflit de loyauté et au détriment d’une partie de lui-même.

 

Cette solution n’est pas bonne pour sa construction psychique à long terme. Elle favorise un clivage de sa personnalité.

Que faire alors?

Il faudrait agir en amont, en créant autour de la famille déchirée tout un contexte qui encourage à une solution négociée. Et qui aide les parents à faire leur deuil. Malheureusement, lorsqu’un juge entérine le coup de force d’un parent en lui octroyant la résidence exclusive, il crée trop souvent une situation irréversible. Lorsque le lien est perdu, il est très difficile de revenir en arrière.

Tout de même, avoir deux maisons, ce n’est peut être pas confortable. Les enfants ont ils le besoin d’avoir une maison dont ils puissent dire: «C’est chez moi»?

Oui, bien sûr. Mais le besoin d’avoir une résidence principale n’empêche pas la garde alternée. Entre les inconvénients pratiques de la double résidence et ceux de la perte du lien avec un des parents, il n’y a simplement pas photo! Je le vérifie tous les jours dans ma vie professionnelle : le plus important pour l’enfant, c’est la qualité de la relation avec ses deux parents.

 

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