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Les enfants bien dans leur peau divorceront plus

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DIVORCE SEPARATION MEDIATION ENFANTS


Geneviève Comby - le 09 avril 2011,
18h33

Le Matin Dimanche

Les enfants mal dans leurs baskets deviennent souvent des adultes mal dans leurs baskets. C’est ce que nous disent les études. Mais qu’en est-il des enfants heureux? Ont-ils plus de chances de faire des adultes heureux? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre des chercheurs britanniques. Pour y arriver, ils ont analysé le parcours de vie de plusieurs milliers d’Anglais nés en 1946*. Evalués entre 13 et 15 ans par un professeur sur la base de plusieurs critères (leur aptitude à se faire des amis, le fait qu’ils soient plus ou moins heureux, agités, anxieux), les mêmes ont été réinterrogés à l’âge de 36 ans, de 43 ans et de 53 ans, sur différents points allant de leur état de santé psychique à leur situation sociodémographique.

Une ombre au tableau

Le croisement de tous ces critères a permis d’esquisser le degré d’épanouissement personnel des participants. Et apparemment, les enfants heureux ont effectivement plus de chances de devenir des adultes heureux. En tout cas, ils réussissent mieux leur parcours scolaire et sont, ensuite, plus satisfaits de leur travail. Ils ont une vie sociale plus intense, plus de contacts avec leurs amis et leur famille, de même qu’une plus faible probabilité de souffrir de troubles psychiques.

Seule ombre à ce tableau idyllique: les enfants bien dans leur peau divorcent plus une fois adultes. Une suprise
pour les auteurs de l’étude, Felicia Huppert et Marcus Richards,qui ne s’y attendaient pas.
Ils avancent néanmoins une explication: «Les enfants heureux ont une plus haute estime d’eux-mêmes que leurs pairs et pourraient être plus disposés à mettre un terme à un mariage s’il ne les satisfait pas.» On positive, donc. D’ailleurs, le divorce n’est pas forcément une mauvaise chose, comme le rappelle la psychosociologue et conseillère conjugale française Odile Lamourère. «C’est le meilleur remède pour un couple malade qui a envisagé toutes les solutions», concède-t-elle.

Plus de forces intérieures pour assumer la solitude

Que les gens bien dans leurs baskets s’embourbent moins longtemps dans une relation sans issue n’a rien de surprenant, selon elle: «Il est évident que lorsqu’on n’attend pas tout de l’autre, qu’on est épanoui avec soi-même, on possède des forces intérieures qui vont permettre de se séparer plus facilement. On sait que l’on va pouvoir assumer la solitude.»
Felicia Huppert, par ailleurs directrice du Well-Being Institute de l’Université de Cambridge, évoque, elle, encore l’hypothèse suivante: «Les gens qui ont été heureux durant leur enfance ont peut-être été élevés dans une famille heureuse, ils savent à quoi ressemble une relation épanouie et sauront mieux admettre qu’ils ne se trouvent pas dans une de ces relations.»

Pas si simple, rappelle toutefois Odile Lamourère: «Je vois des adultes qui ont idéalisé leur famille, qui se
sont précipités pour se mettre en couple et faire pareil en pensant que c’est facile et que ça va de soi. On oublie l’importance de la communication. Or c’est très souvent le non-dit qui est à l’origine de la séparation. Mais il est
vrai que cette aptitude dépend beaucoup de la relation que l’on a eue avec ses parents, s’ils nous ont appris à communiquer ou non!»
Et puis, dans un divorce il y a non seulement le pourquoi, mais aussi le comment. «Certains s’écharpent pendant des années, alors que pour d’autres, en six mois tout est réglé et on se souhaite
mutuellement d’être heureux même si on ne l’a pas été ensemble», résume Odile Lamourère.

Or l’étude britannique ne dit rien de tout cela. Felicia Huppert l’admet, il faudrait pousser les recherches plus
loin: «Je serais très intéressée de savoir si le genre de divorce est différent selon que l’on a été un enfant heureux ou non.» Ils divorcent plus, le font-ils dans de bonnes conditions? Il est à parier que le Well-Being Institute se penchera très bientôt sur la question.