DIVORCE SENIOR
«Il vaut mieux être seul que mal accompagné. » Cet adage, Jean-Paul, 63 ans, le reprend volontiers à son compte. Il y a quatre ans, ce retraité s’est séparé de sa deuxième femme après plus de 15 ans de mariage. Comme de plus en plus de seniors. Sans se poser trop de questions. « Forcément, à 60 ans, on se demande comment va être la suite », se souvient le Dijonnais. « Et à cet âge-là, il y a évidemment des contraintes que l’on n’a pas si l’on divorce plus jeune. Nous avions une maison à partager. Et le fait d’approcher de la retraite fait s’interroger. »
« Plus rien à se dire »
Mais contrairement à beaucoup de seniors qui divorcent, Jean-Paul « n’a pas trop souffert dans l’après. Ma chance, c’est que j’avais et que j’ai toujours beaucoup d’activités, et un groupe d’amis fidèles. » En revanche, il sait que, pour certains de ses amis du même âge, « le divorce a eu plus de mal à passer. Car ils n’avaient pas forcément grand-chose dans leur vie en dehors de leur travail et leurs enfants. Une fois à la retraite, quand ils ne restaient que tous les deux, ils s’ennuyaient. » La retraite ou le départ des enfants de la maison, ce sont d’ailleurs les deux principales causes de divorce chez les couples âgés. Pas facile en effet, pour un couple, de réapprendre à vivre ensemble après s’être simplement croisé pendant des années. « Quand ils se retrouvent seuls, ils n’ont plus rien à partager », remarque Marie Françoise Barbot (lire ci-dessous).
« A 50 ans, on a encore de belles années à vivre »
Patrizio, romancier dijonnais de 54 ans, a vécu cette situation en 2008, date de son divorce. « C’est triste à dire, mais quand on arrive près de 50 ans, on ne pense plus aux enfants, mais à soi. C’était mon bien-être qui devait prédominer », explique-t-il. « A cet âge-là, quand on se dit qu’on n’est pas avec la bonne personne, il est important de changer, car la vie est encore longue. »
Cet allongement de la durée de vie, ainsi que la bonne santé des seniors sont, en effet, deux facteurs forts poussant au divorce. « Aujourd’hui, quand on a cinquante ans, on a encore de belles années devant soi », fait remarquer Patrizio. « Alors franchement, tant qu’à profiter de ces années qui restent, mieux vaut les passer avec quelqu’un qui nous correspond. Et en même temps, divorcer peut faire peur, car on se dit qu’il ne faut pas traîner si on veut retrouver quelqu’un. » Finir sa vie seul, c’est d’ailleurs la crainte de beaucoup de seniors qui divorcent. Et qui ne sont pas toujours bien compris par leur entourage. « On m’a dit que je n’étais pas raisonnable, que c’était risqué de se séparer à mon âge », se souvient Patrizio.
La peur de ne pas retrouver quelqu’un
Car divorcer à plus de 50 ans n’est jamais totalement anodin. « Forcément, on se demande comment on va vivre tout seul », reconnaît Jean-Paul. « Mais aujourd’hui, je suis très bien tout seul, et si je dois retrouver quelqu’un, ce sera plus tard. » Surtout que pour rencontrer une femme à plus de 60 ans, on s’expose à de nouvelles problématiques, remarque Jean-Paul : « Beaucoup des femmes que je rencontre ne pensent qu’à se “caser”, ou, quand elles sont plus jeunes, à faire un “bon mariage”. » Alors, Jean-Paul ne se presse pas, et s’il doit se remettre en couple, ce sera avec la certitude « que c’est la bonne ».
Patrizio, lui, a retrouvé quelqu’un. Une femme qui lui correspond mieux. « A 54 ans, les questions qu’on se pose lors de la rencontre ne sont plus les mêmes », reconnaît le Dijonnais. « Il faut trouver une personne prête à nous accompagner sur du long terme, à être là pour nous quand on en aura besoin. » D’ailleurs, prochainement, Patrizio va se remarier. Comme quoi, il n’y a pas d’âge pour aimer.