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UN GROUPE DE PAROLES POUR LES PERES DIVORCES

24 07

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DIVORCE PERE ENFANT RESIDENCE ALTERNEE

Qu'ils soient divorcés depuis des années ou plus fraîchement, une dizaine de pères bordelais se retrouvent deux fois par mois autour d'un café pour partager leurs problèmes et tenter d'apaiser la douleur de leur séparation.

A peine assis dans la petite salle d'une maison de quartier, ils se livrent sans retenue. "J'ai beaucoup de reproches à faire à la justice et aux avocats", lance, très remonté, Raymond, un nouveau venu plein d'acrimonie à l'encontre des juges aux affaires familiales et des avocats.

Aussitôt, Alain Gallone, travailleur social à la caisse d'allocations familiales (CAF) de la Gironde, le tempère et rappelle que l'objectif du "café des pères", mis en place il y a un an avec la mairie de Bordeaux, est avant tout "un espace de parole" et "d'échange" et pas "un lieu d'opposition".

Cet incident passé, s'ouvre un vrai dialogue entre ces papas, et nouveaux venus comme habitués se livrent facilement, comme pour se libérer du poids de leurs difficultés.

"Moi, le divorce m'est tombé dessus, mon ex m'a pris par surprise, et contrairement à moi, elle avait préparé son dossier", raconte Jean qui, depuis trois ans, se bat pour obtenir la garde alternée de son fils.

Rapidement, la majorité de ces pères reconnaissent s'être présentés devant le juge sans être prêts.

"C'est sans doute la raison pour laquelle vous avez tous exprimé des +sous-demandes+ au magistrat et accepté que votre épouse ait plus de droits que vous, notamment au niveau de la garde", fait remarquer Charles Ingles, psychologue au service petite enfance de la mairie et chargée de co-animer le café.

" Nous en payons le prix"

Pour Raymond, cette impréparation est liée au fait qu'il s'est "senti encore plus père" quand il a divorcé. Un constat que tous les membres de l'assistance s'accordent à partager.

C'est également une des raisons pour lesquelles la majorité de ces pères, depuis des mois ou des années, multiplient les recours judiciaires pour avoir le droit de voir plus souvent et longuement leurs enfants.

"Je n'ai le droit d'être présent dans la vie de mon enfant que cinq jours par mois", déplore Paul.

Certains, comme Antoine, père de deux fillettes, reconnaissent que ce combat est épuisant et leur semble parfois vain.

"A force d'avoir un mur en face de soi, de subir des non-présentations d'enfants et de se retrouver réduit à payer sa pension alimentaire, il y a un phénomène psychologique assez fréquent, c'est celui du désinvestissement dans la relation", admet, visiblement meurtri, ce quadragénaire.

Comme beaucoup, il reproche à la justice que "toute latitude d'appréciation est donnée aux juges" et que pour eux, "c'est tout pour la mère".

"Neuf hommes sur dix ont abandonné leurs femmes, se sont très mal comportés, et comme nous sommes l'exception, nous en payons le prix", lui répond aussitôt Pierre, un trentenaire à l'allure sportive.

Motivé, il propose aussitôt aux participants de faire avancer les choses en se fédérant afin de faire entendre leur voix et montrer que "tous les hommes ne sont pas des salops", contrairement à ce qu'affirment "chacune de nos ex-femmes".

Cette libération de la parole est un des principaux objectifs de ce café des pères, explique Brigitte Collet, l'adjointe au maire en charge de l'enfance et de la famille qui est une des initiatrices de ce projet original.

Un objectif atteint si l'on en croit Jean, un des pères, resté très discret, qui, en guise de conclusion, glisse que ce moment "est fait pour que dans chaque père traumatisé renaisse un père".